jeudi 28 janvier 2010

Et qui libre ??? Ou le moment présent !!!

Le seul moment qui compte

À vous référer à vos modèles culturels, pour apparaître conforme, vous vous devez d’avoir un projet, une ambition et vous connecter à votre futur. La société contemporaine dans son ensemble accentue fortement cet effet de mise en scène, de mise avant pour vous conforter et vous laisser croire à votre mise en valeur. Si vous lisez les journaux, si vous regardez la télévision, si vous prenez de l’information sur le Web ou si vous écoutez les bons conseils de votre entourage pour y prendre racine vous serez assurément tenter de participer à cette anticipation.

Attention, de ce modèle, progressivement, vous en deviendrez les esclaves. Qui ne s’est pas laissé influencer par cette formule « plus tard quand je serai …, quand j’aurai atteint tel ou tel expérience, tel ou tel promotion…, quand je serai médaillé ou diplômé …) juste pour se croire ailleurs et arrivé. J’ai même connu des gens qui, en recevant leur nouvel agenda, alors que l’année était loin d’être terminée, se sont déjà rendu à la fin de l’année suivante, s’imaginant dans un ailleurs meilleur et zapant en une seule étape plus de 365 jours.


D’où vient cette attirance frénétique pour le lendemain ?

Cette manie de se projeter, basée sur vos apprentissages accumulés dans votre passé, constituant ainsi vos références et votre expérience, va vous couper de votre réalité, de votre noyau dur d’où vous pouvez tirer toute votre essence. Emporté dans un élan normatif, vous allez accepter de vous disperser, de vous fuir, de vous sauver dans les deux sens du terme, sans jamais réellement savoir si vous allez parvenir un jour à ce moment futur. Dans cette évasion, cette fuite ou ce sauvetage, vous ne ferez que répéter les mêmes comportements au travers lesquels vous vous êtes identifiés. Parfois ces modèles archaïques d’identification se reproduisent de générations en générations. Parfois, vous les imitez pour obtenir reconnaissance et gratification pour être moins seul. Vous restez ainsi fidèles au modèle. Vous obéissez pour ne pas décevoir, au risque assurément de vous aliéner.
Pour d’autres, pétrifiés dans ces modèles, le futur ou le lendemain ne représente que de l’inconnu et de la peur. Ils se réfugieront alors dans leur passé et activerons au fur et à mesure de graves troubles de santé mentale.
Si le passé est révolu, qu’il n’est que l’accumulation de souvenirs irréparables et intangibles, dansant sauvagement dans votre mémoire, le futur, lui, constitue la source alimentant votre stress au quotidien, au travail, en société, en famille, aux examens. Chacune de ces épreuves est un fardeau sur vos épaules d’où ces expressions imagées, « j’en ai plein le dos », « j’en ai ras le casque ». La peur de ne pas réussir, de ne pas être reconnu, d’être rejeté, de ne pas être aimé s’accumule et se confond à la peur suprême d’abandonner vos idées égotiques ou à l’extrême, de voir périr votre enveloppe charnelle.
Cette addiction au futur, vous la portez en vous comme un tatouage indélébile qui agit sur vous avec malveillance. Chaque fois que le stress vous envahit, c’est qu’une échéance de temps rode dans vos parages. Cette échéance paniquée est souvent vécue comme étant capitale pour affronter la vie ou vous défendre de la mort. Dans ce défi, le triomphe héroïque de votre ego en dépend jusqu’à l’épuisement.


Une histoire de conjugaison

Pour garder votre équilibre et vous maintenir en survie, vous allez faire des allers-retours entre un passé refuge connu et un futur énigmatique et fuyard qui sera toujours reporté à plus tard et jamais atteint . Ce stress et cette peur du lendemain vous paralysent et vous amènent tout droit à la procrastination qui représente un compromis de résignation. La langue française dans sa conjugaison prête souvent à confusion une interprétation du futur indicatif avec un futur conditionnel : « demain, je ferai ceci ou cela. », sous entendu, « demain Si je suis en forme, Si j’ai encore envie, S’il fait beau, Si j’ai de la chance, etc ». Donc, demain n’est jamais sûr, il est souvent remis à plus tard. Il reste hypothétique et conditionnel. Dans d’autres civilisations et notamment au Japon, le futur n’existe pas. Les japonais l’appréhendent autrement. Dans leur langue et leur grammaire, donc dans leur communication des modèles rien ne s’y réfère et ça donne sensiblement cette formule anachronique : « Demain, je fais !!! ».
Rendez vous compte de l’injonction qu’ils se font à eux-mêmes et qui se répercute de façon collective dans les caractères ? Leur futur est ramené à un présent. La peur inconsciemment projetée est évacuée, où tout est possible, ce qui permet la transcendance et l’accès au moment présent. Pour un occidental, ce système ouvre vers une révolution personnelle de comportement, un changement radical dans l’appréhension des responsabilités.
C’est dans le présent que la vie est. Elle ne peut être ailleurs qu’en vous. Vous ne pouvez pas fuir. Vous êtes, ici et maintenant. C’est le seul moment qui compte pour sentir, voir, écouter, goûter, toucher et surtout respirer avec tous vos instincts. Et quand ce futur sera là, ce sera encore du moment présent.
En quoi vous est-il insupportable ce moment présent qui vous oblige à vous en échapper ?


Le fil de sa Soie

Certes, il est important de savoir anticiper, réfléchir et avoir des projets, mais certains critères sont à respecter si vous voulez que cette anticipation vous apporte un bénéfice bienfaisant.
Avant, les paysans dans leur sagesse savaient anticiper des récoltes pour la survie de tous. Une gestion sommaire mais judicieuse s’opérait en engrangeant chaque année une part de leur moisson. Les graines céréalières étaient à nouveau semées assurant ainsi un cycle nourricier.
Cette attitude de bon sens n’était que le résultat attentionné de chaque moment présent à entretenir leur terre et à surveiller laborieusement leur production au rythme des aléas naturels, livrée à une météo succinctement prévisible. Pour eux, la réponse se faisait heure par heure, au jour le jour, saison par saison avec observation irrationnelle de tous les éléments.

Imaginez-vous pratiquer l’alpiniste de hauts niveaux. Votre but étant d’atteindre le sommet de la montagne. Pour y parvenir, vous allez devoir préparer votre expédition, essayer de prévoir les pièges des éléments naturels, etc (anticipation). Une fois en cordée, suspendu dans les airs, seulement accroché de vos phalanges au mur rocheux et retenu par un simple cordon, vous avez comme seuls points d’appuis dérisoires sous vos bouts de pieds, des pitons plantés dans la roche pour maintenir votre équilibre inconfortable. Mais il va vous falloir progresser avec les autres compagnons pour gagner du terrain sur la pierre. D’abord, rendu à l’évidence physique et viscérale d’être à chaque instant confronté, non plus au danger mais à l’accident fatal au moindre faux pas, vous ne pouvez pas vous permette de vous réfugier dans un passé et encore moins de fuir dans un futur. Vous êtes Ici et Maintenant. À la moindre échappée, c’est la fin.
Rendu à ce point, vous vous apercevrez de votre petitesse face à la grandeur et la force des éléments terrestres. Leurs lancer un défi équivaut vaniteusement à se prétendre invincible comme dans les croyances réconfortantes de la mythologie qui nous tiennent de modèles.
Alors plus mal qu’une araignée sur votre paroi, toute votre vigilance sera mise à l’épreuve. Toute la plus grande présence de votre être au-delà de tout sera requise, jusqu’à la limite de vos forces, pour survivre à chaque progression, millimètres par millimètres, cherchant de nouveaux points d’appui à tâtons, du bout des doigts, sans jamais être sûr. Vous allez devoir vous faire confiance et avancer. Tous vos muscles mus et commandés par vos instincts seront douloureusement utiles et exacerbés. Ça sera, vivre ou mourir, blanc ou noir, lumière ou ténèbres où chaque demi teinte d’équilibre précaire, créée par vous, deviendra votre sanctuaire.
C’est l’expérience personnelle du chemin qui sera votre triomphe et non pas le sommet, car une fois atteint, un autre se présentera. Peu importe, qu’il soit de pierre, d’air ou de mer.
Prenez la métaphore dans n’importe quel sens. Il en va de même pour l’âme humaine. Ce sont tous ces gestes prophylactiques portés à Soi au présent du quotidien qui vous amène à la quiétude et à la paix. N’est ce pas l’objectif ultime ou le sommet de votre mission de vie ?
Vous l’avez compris, pour vivre ce moment présent, il vous suffit de faire taire en vous ce bruit mental, cette petite voix incessante qui vous parle, vous perturbe et vous parasite. Celle qui vous fait jouer un rôle devant un mur comme décor pour vous séparer ou vous faire dévisser de votre vraie montagne.
Revenir à Soi, ne pas intervenir, ne pas dialoguer avec votre petite voix, ne pas vouloir avoir raison sur elle, juste observer ce qui se passe et filer tranquillement le fil de sa Soi(e). C’est déjà être libre ! « Et Qui Libre ??? »

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